Une nuit blanche pour la Patrie

Je sais que ces lignes vont paraître dérisoires par rapport à la galère qu'endure les touristes bloqués en Thaïlande et surtout par rapport à la situation politique toujours préoccupante ici, le pays s'enfonce dans la crise... Mais voilà, j'ai eu cette nuit, l'occasion de vivre une des expériences les plus folle de ma vie.

Suite à la situation délicate des français bloqués ici (précédemment exposée), des échanges entre l'ambassade et le Ministère à Paris, le gouvernement a mis en place un charter de 500 personnes rapatriant les passagers les plus "urgents" en France. Jusque là, rien de plus que ce que TF1 doit vous apprendre. Sauf qu'ici c'est branle-bas de combat pour tous le personnel de l'ambassade. Nous nous transformons en compagnie aérienne... Tout le monde sur le pont à 1h du matin hier soir. Certains d'entre nous n'ayant pas dormi depuis plusieurs jours pour constituer une liste des passagers, la réunion peut commencée. Tout le monde est réquisitionné, brassard tricolore agrafé. 3 filtres, 3 comptoirs installés sur le parking d'un hôtel, 50 personnes déployées, 24 parisiens (Ministère, Croix Rouge, etc.) arrivés en renfort, 17 bus amenant les passagers au check in dans un bureau de bkk puis destination l'aéroport pour un départ prévu 10h après, et surtout 500 français crevés... Cochet (j'exagère, on m'appelle Caroline quand même ici), affectée au contrôle de l'identité des passagers (2h - 5h).

Et 3 bonne heures après : Cochet, vous avez la charge de 30 passagers, bus n°12. Il faudra les rassurer, leur expliquer, les amener au chek in (5h - 8h) puis à l'aéroport (8h - 10h). Les gens sont globalement contents de rentrer, l'organisation est plutôt bonne. Et nous on tourne à l'adrénaline, la situation est extraordinairement excitante.
Me voilà transformée en guide de voyage, nanny d'enfants excités, cellule médicale, boîte à réponses et écouteuse de galères...
10h, arrivée directe sur le tarmac de l'aéroport. 11h, je peine à quitter mes protégés. Ils embarquent...

Quelle expérience incroyable...Une nuit pour réussir une mission. Quelques galères à gérer, 500 sourires à distribuer, 49 collègues à découvrir sous un nouveau jour, une étrange satisfaction à ressentir, une excitation qui ne nous a pas quittée et maintenant,  une nuit blanche à aller récupérer de suite tandis que cet avion encore si près de nous tout à l'heure se pose à Paris...